Saremo in tanti a scrivere sull’attentato al Charlie Hebdo ma ogni parola spesa suonerà inesorabilmente ridondante o incapace di dire. Davanti a tanta bestialità una cosa colpisce e conforta: constatare la forza dirompente dell’ironia. Il filosofo Vladmir Jankélévitch ha scritto sull’ironia parole bellissime. Oggi vale la pena di ricordarle. Ne riporto qui sotto un piccolo florilegio. In francese, come sono state scritte.
“L’ironie (…) joue avec le danger. Le danger (…) est dans une cage; l’ironie va le voir, elle l’imite, le provoque, le tourne en ridicule, elle l’entretient pour sa recréation: même elle se risquera à travers les barreaux, pour que l’amusement soit aussi dangereux que possible, pour obtenir l’illusion complète de la vérité : elle joue de sa fausse peur, et elle ne se lasse pas de vaincre ce danger délicieux qui meurt à tout insant. Le manège à vrai dire peut mal tourner, et Socrate en est mort ; car la conscience moderne ne tente pas impunément les créatures monstrueuses qui terrorisent la vieille conscience.”
“L’ironie est la souplesse, l’extrême conscience. Elle nous rend, comme on dit, ‘attentifs au réel’ et nous immunise contre les étroitesses et les défigurations d’un pathos intransigeant, contre l’intolérance d’un fanatisme exclusiviste.”
“L’ironie, parce qu’elle démolit sans reconstruire explicitement, nous reporte toujours plus outre.”
“Le mal est, comme le vice même, l’impasse. Il peut vivre quelques temps à la faveurs des équivoques, des malentendus, des mille complicités qu’il trouve dans une conscience malade ; il survit, amère dérision, parce qu’il se fait passer pour son contraire (…). Quelle est dès lors la fonction de l’ironie ? L’ironie force l’injuste à être bien ce qu’il est, franchement, brutalement, pour qu’il en crève ; elle le contraint de s’avouer lui-même, car elle sait que ce sera sa perte.”
“L’ironie, mimant les fausses vérités, les obliges à se déployer, à s’approfondir, à détailler leur bagage, à révéler des tares qi, sans elle, passeraient inaperçues.”[1]
Che queste parole scarne e profonde ci confortino e ci aiutino a ridere ancora, a ridere sempre.
[1] Da « L’Ironie » di Vladimir Jankélévitch, Flammarion 1997